mercredi 24 janvier 2024

Les pauvres [ils savent !]

Bernard Arnault et Emmanuel Macron côte à côte dans un décor assez luxueux (c'est la Samaritaine)

 

Il y a 10 millions de pauvres qui ne mangent pas à leur faim, qui se privent de nourriture parce qu'ils n'ont simplement pas de quoi s'acheter un repas. On estime à 350.000 le nombre de personnes qui vivent dans la rue. Ce ne sont plus simplement quelques SDF ici ou là, ce sont maintenant des familles, le père, la mère et leurs enfants qui sont dehors en permanence.

350.000 c'est toute la population de la ville de Nice. Tu supprimes toutes les maisons, les logis, les apparts et zouh, tout le monde dans la rue. Pas comme on sort cinq minutes pour prendre l'air, ils vivent dehors. Ils font leurs besoins entre deux voitures ou derrière un bosquet du parc, près des balançoires.

Si j'ai ces informations, si toi, tu es au courant, est-ce que tu imagines que personne n'a prévenu l'Élysée et sa troupe de ministres  ? Est-il imaginable une seule seconde que personne n'ose le leur dire ?
- monsieur le Président…
- Quoi encore ?
- non, rien.


Ils savent.
 

Ils le savent que des citoyens de ce pays et des personnes qui aspirent à le devenir sont submergés sous la pauvreté. Ils le savent que la misère gagne du terrain et que même en travaillant, tu ne gagnes plus assez pour nourrir dignement tes enfants.

Ils savent qu'en augmentant de 10% la taxe sur l'énergie, ils vont augmenter le nombre d'échoués de la vie. Ils sont parfaitement informés de la situation.

Et ils viennent à la télévision ou à la radio, annoncer qu'ils vont te retirer ceci ou cela pour améliorer la situation. Mais mon vieux, après 35 ans à faire reculer nos droits sociaux, est-ce que nous allons mieux ? Collectivement, je veux dire ? En analysant à partir de la situation présente, est-ce qu'on a bien fait d'accepter de perdre nos acquis pour le bien du pays ? Est-ce que ça valait le coup ?

Autant personne ne souhaitait réélire François Hollande impuissant face à la courbe du chômage, autant Emmanuel Macron a réussi à vous faire passer l'idée que le chômage c'est à cause des chômeurs, la pauvreté à cause des pauvres et les milliardaires, parce qu'ils le valent bien.

Nous ne sommes plus en face d'un président qui simplement échoue à tenir ses promesses. Nous sommes avec Emmanuel Macron, en présence d'un président qui n'a jamais eu l'intention d'améliorer la situation du pays. Uniquement celle de ses plus riches amis.
- monsieur le président ?
- Oui, cher ami, qu'y-a-t-il ?
- C'est cette histoire d'impôt, là…

Tout est fait sous les yeux d'Emmanuel Macronet sa troupe de ministres. C'est délibérément que les gens souffrent. Ils savent


Crédit photo : Christophe ARCHAMBAULT / AFP

vendredi 12 janvier 2024

La Fondation [y'a rien, ça joue !]

     

Il existe aujourd'hui pour vous la merveilleuse possibilité de réserver gratuitement un certain temps d'une activité qui vous a toujours fait rêver (telles qu'une conférence sur « Le capitalisme, un modèle pertinent pour l'avenir ? » d'une durée de 3 heures ou un atelier de la série "running et philosophie" par exemple « La notion d'expropriation du temps chez Guy Debord » qui est prévu pour 1 heure). En quelques clic, et parfois un peu plus si vous vous égarez dans les recoins du site, vous avez le loisir de choisir de vous consacrer entièrement à autre chose que votre quotidien.

Et surtout, je ne vous dévoile rien, c'est même le concept du truc : vous pouvez conserver toute votre légèreté et ne surtout pas stresser puisque votre activité sera quoiqu'il en soit annulée au dernier moment.

Voilà, vous avez la possibilité de réserver du temps pour ne rien faire.
J'ai découvert ce projet artistique (totalement subversif dans son époque) il y a peu et je suis tellement enthousiaste que j'ai demandé à Nicolas Heredia de bien vouloir m'en dire un peu plus.
Il est à l'origine du projet avec la vaste entreprise. Vous pouvez aussi le retrouver sur scène, suivez les liens !




Quelle a été la genèse du projet ? Quelle était l'idée de départ ?
Nicolas Heredia : l'idée est née au moment où on travaillait sur le précédent projet, un spectacle qui s'appelle « À ne pas rater », et qui propose de prendre la mesure de tout ce que vous ratez pendant que vous assistez à ce spectacle. Donc une histoire de rapport au temps, de comment on emploie notre temps – sur une journée ou sur une vie –, et comment, même, on cherche le rentabiliser, puisque nous avons quand même assez largement digéré la logique capitaliste selon laquelle il faut tout optimiser, tout le temps. Et il se trouve que j'aime bien qu'à la fin de chaque spectacle, on offre aux spectateurs et spectatrices une petite édition qui prolonge la forme scénique : un petit livre, une série de cartes postales, etc. L'idée de la Fondation est née dans ce contexte-là : on distribuait à la fin de « À ne pas rater » le petit livret qui présentait le site de la Fondation, où l'on peut s'inscrire à une activité annulée pour se fabriquer du temps libre. Parce que j'ai l'impression que tout le monde manque de temps, ou en tous cas d'un vrai temps pour soi, d'un "temps vide de qualité". Comme quand on se réjouit, au lycée, qu'un prof soit absent : ça ouvre une plage horaire inattendue, on ne sait pas ce qu'on va en faire, mais on est content de ce grain de sable dans l'enchaînement de l'emploi du temps. Et puis, je sentais que le projet allait prendre une forme très hybride, devenir un objet artistique difficile à classer, et j'aime beaucoup explorer des modalités d'écriture que je n'ai jamais explorées avant.

Et donc, vous êtes allés voir les financeurs avec un projet plutôt subversif dans le climat du moment. Quelles ont été les réactions ? Est-ce qu'il y a eu des difficultés pour trouver des financeurs ?
Nicolas Heredia : en général, je cible assez finement les recherches de partenaires : je connais assez bien les projets des théâtres ou opérateurs culturels auxquels je m'adresse  et, vue la nature de mon travail, je cible en général les personnes un peu joueuses ! Heureusement, il y en a encore. Et puis il y a des lieux qui suivent et accompagnent mon travail depuis maintenant un petit moment : des fidélités se sont nouées au fil du temps. Il y a une confiance commune, une attention et une compréhension mutuelle. Et en ce qui concerne ce projet-là plus spécifiquement, il se trouve que les différents Centres nationaux des arts de la rue et de l'espace public (CNAREP), implantés dans différentes régions de France, lançaient un appel à projet intitulé "Hors Cadre", qui invite justement les artistes à imaginer un projet qui sortirait des cadres habituels – tant d'un point de vue artistique que dans leur mise en oeuvre, et dans la façon dont ils vont se frayer un chemin jusqu'au public. Ça tombait à pic. Nous avons candidaté avec La Fondation, et avons été lauréats

Comment s'est faite l'écriture "scénaristique" de tout le site ? Tout les parcours possibles de clic en clic, vous les aviez imaginés dès le départ ? (J'ai personnellement testé l'assistance téléphonique, c'est magnifique !).
Nicolas Heredia :
Cela faisait longtemps que j'avais envie de travailler une écriture en arborescence, qui est un principe assez fascinant pour un auteur, parce qu'en laissant le choix à chaque étape, on doit construire une sorte de "carte géographique" de l'écriture globale. C'est assez complexe – et long ! – mais passionnant. Cela met les personnes en situation de jeu, et c'est une chose à laquelle je suis très attaché, pour tous les projets, en essayant que cela prenne différentes formes à chaque fois. Pour la Fondation, je me suis très directement inspiré de l'écriture de jeux vidéos, mais aussi des techniques de marketing. Et les deux ne sont pas très éloignés, en fait : il s'agit dans les deux cas de donner envie de poursuivre, de cliquer, de passer au niveau supérieur, avec un principe de plaisir, de progression, de cadeaux, de récompenses. Et évidemment, j'ai pris un malin plaisir à détourner les techniques du marketing pour les tordre un peu et les mettre au service d'un truc qui n'a rien à vendre. C'est un des paradoxes qui sous-tend La Fondation, et c'était en effet une envie dès le départ.

On sent bien la volonté de se moquer des techniques du marketing en ligne pour faire du clic. Sauf que sur la Fondation du Rien, c'est évidemment du clic qui ne sert à rien. Est-ce que vous avez déjà des retours de l'expérience ? Est-ce que vous en attendez des retours et quels seraient les retours idéaux ?
Nicolas Heredia : les retours qu'on commence à avoir, c'est plutôt sur l'expérience de l'activité annulée : sur le site de La Fondation, à la rubrique Témoignages, on peut lire ce que les personnes nous racontent de ce temps libéré, comment elles se sont débrouillées avec ça. Des personnes nous suggèrent aussi des choses qu'on pourrait mettre en place, et c'est assez réjouissant. D'autres prolongent à leur manière la réflexion, avec pas mal d'intelligence et de fantaisie.
Après, pour ce qui est de retours sur le site, la navigation, la hotline, on en a encore assez peu. C'est le côté un peu frustrant pour des gens comme nous qui viennent du spectacle vivant, où l'on est habitués à partager ensemble un temps commun pendant la durée d'une représentation : là nous ne sommes pas avec les personnes quand elles traversent tout ce qu'on a mis en place. Mais on va aussi proposer ponctuellement des rendez-vous de La Fondation avec des théâtres ou des centres d'art, où on sera sur place pour rencontrer les gens. Cette idée du partage, d'un moment de convergence et de rassemblement nous importe quand même beaucoup !
Et pour ce qui est de retours idéaux, je ne saurais pas dire, parce que je crois que c'est bien de ne pas présager, justement... si les gens se prennent au jeu, s'emparent du truc à leur manière, c'est déjà très stimulant et joyeux pour nous. Et ce qu'on peut dire, c'est que les personnes qui adhérent sont de très bons ambassadeurs : elles en parlent autour d'elles, partagent, font voyager La Fondation... par exemple, en décembre, pas mal de personnes ont mis des livrets de La Fondation au pied du sapin à Noël pour offrir du temps à leur proche... et ça, je dois dire que ça me réjouit assez !

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Réservez-vous une activité sur —> Fondation du Rien

(interview réalisée en quelques jours en question/réponse par mail, merci de ta gentillesse, Nicolas ! - Crédit photo : © Marie Clauzade)

jeudi 14 décembre 2023

Le vaste monde (pas du tout !)



 
Il y a une chose qui m’inquiète beaucoup en ce moment et ce ne sont pas les différentes guerres en cours.

Parce que, bon, la guerre, on sait déjà comment ça fonctionne : chacun des deux camps extermine le plus de gens possibles pendant un certain temps et quand une sorte d'équilibre est atteint, ou quand le nombre de victimes "acceptables" est dépassé, alors tout le monde se retrouve autour d'une table, pour mettre fin au conflit. C'est là qu'ils se décident à se parler.

On est d'accord qu'ils pourraient éviter de claquer des milliards en armement et en frais d'obsèques pour commencer par négocier mais, pour le moment, nous ne voyons pas l’humanité progresser sur ce front. Il faut visiblement d'abord qu'une grande quantité de femmes et d’enfants terminent éparpillés façon puzzle, qu'une majorité des édifices et des maisons soient écrabouillés façon gravats, pour qu'on se dise : hé, que pensez-vous d’appeler le camp d'en face pour discuter un peu ?

Non, ce qui m'inquiète le plus, c'est la capacité des gens à penser par eux-mêmes qui disparaît progressivement.
 
On leur sert des balivernes à pleines louches et ils les avalent. Ne rigolez pas, les gens, c'est nous. Dans les émissions dites de débat entre des personnes déjà d'accord entre elles ou sur les chaînes de distraction informative, partout la vérité est maquillée et présentée sous un certain angle afin de séduire par sa beauté factice.

Il suffit désormais d’une petite campagne de presse pour que tout le monde commence à gober n'importe quoi. Par exemple, Israël qui a été brutalement attaquée par le Hamas et qui ajoute à l'histoire quelques anecdotes encore plus horribles*. Comme si les faits avérés ne suffisaient pas à eux seuls à condamner les meurtres réellement commis, il faut aussi transformer les agresseurs en êtres barbares assoiffés de sang* .

De site Internet en site Internet et d'agence de presse en agence de presse, les mêmes mensonges sont répétés sans preuves et sans référence aux faits et, du citoyen lambda jusqu'à certains journalistes chevronnés mais distraits (?), chacun avale goulûment sa petite pilule de réinterprétation du réel.

Un autre exemple est le recours systématique à l'accusation d’antisémitisme. Je n'ai pas besoin de vous rappeler pourquoi il s'agit d'un crime qui, s'il est prouvé, mérite absolument d'être traduit en justice. L'antisémitisme est un racisme, ça n'est pas une opinion. Sauf que dans la plupart des cas jetés en pleine lumière ces derniers temps, il n’y a tout simplement aucuns faits. Il n'y a que des soupçons, des rumeurs reprises et répétées, du quand dira-t-on qu'on nous demande d’y croire. Et bizarrement sont accusés majoritairement des personnes qui critiquent le fait qu'Israël occupe depuis 1967, c'est le Droit International, les terres de son voisin.

Je prends l'exemple de Roger Waters, qui a passé sa vie à défendre le droit des Palestiniens à vivre chez eux et qui est soudain accusé de cette infâmie. C'est vrai qu'il joue le rôle d’un dictateur dans The Wall depuis 1979. S'il en endosse lui-même le costume, c'est qu'il est forcément qu'il est lui-même un dictateur. Je vous jure qu'on en est arrivé à ce stade. Dans cette logique, autant dire que Charlie Chaplin, habillé en Adolphe Hitler* est lui-même un nazi. Vous voyez le ridicule ou pas ?
 
Une fois que cette pseudo information est lancée, elle est répétée à l'envi de site en site, de réseau social en réseau social, à tel point qu'il devient impossible de parler du (formidable) travail musical de Roger Waters sans qu'une personne surgisse pour s'exclamer : Ah oui, Roger Waters l'antisémite ?
 
Et c'est là que ça devient effrayant. Plus personne ne semble capable d'aller vérifier une information* quand elle circule, les gens ont l'air d'être devenus juste capable de relayer ce qui les choque. Sans aucune capacité d'analyse, ni même l'intelligence d'aller écouter ses chansons ou l'écouter à la source.
 
Ça marche avec un tas d'informations différentes comme les migrants «qui envahissent le pays» alors que statistiquement, pas du tout, avec l'argument «en France on paie trop de charges» sans jamais mesurer que si ta belle sœur peut passer les 3 derniers mois de sa grossesse à buller sur le canapé, c'est justement parce qu'on a construit un pays qui assure cette possibilité. On prend une petite part de tout l'argent produit dans le pays pour financer l'aide à ceux qui en ont le plus besoin.
 
[Soulignons au passage que tous ces dispositifs sociaux qu'on se paie, ont été décidé d'un commun accord entre résistants de droite comme de gauche dans le but que ne revienne plus jamais la guerre. Tu vois comme ça fait peur de voir que chaque jour, ce sont des pans entiers de nos protections sociale qui sont éliminés…]
 
Dans cette France de 2023 où les médias sont la propriété de quelques milliardaires* qui, jusqu'à preuve du contraire ne sont pas très motivés par notre intérêt général ou dirigés par des personnes amies personnelles d'Emmanuel Macron, l'information est très orientée. Si le discours officiel est de «faire barrage au RN» reconnaissons que ça ne s'applique que rarement au contenu de son programme qui est largement présenté sur toutes les antennes comme un chemin possible vers des solutions.

Vous remarquerez que les chaînes de distraction informative travaillent selon un cercle bien défini : elles te présentent ce qui serait le problème pour ensuite te préconiser la meilleure solution. Et étrangement, ça n'est jamais pour vivre mieux ensemble.

Il n'y a plus nulle part de possibilité pour la gauche de se faire entendre. Dès qu'un ou une élu(e) Insoumis.e parait sur un plateau d'interview, on le ou la bombarde d'une série de questions à propos du projet raciste du RN. Vous avez remarqué ? Ce que tu entendras de la gauche en interview, c'est son point de vue sur l'extrême droite mais quasiment jamais la teneur de son propre projet.

Et quand la gauche n'est pas invitée, c'est à dire le plus souvent, on la dépeint comme la pire des catastrophes qui pourrait arriver au pays alors même que la Nupes défend un programme qui est plutôt centriste par rapport aux 101 proposition de François Mitterrand en 1981.

A quel moment, en tant que spectateur de tout cela avez-vous accepté d'éteindre votre cerveau ? Suis-je le seul à voir qu'on me vend systématiquement, partout, tout le temps des idées d'extrême droite ? Est ce qu'on a le droit de rappeler qu'il y a d'autres proposition moins basées sur la peur et sur la haine ?

Image : montage personnel

mercredi 11 octobre 2023

De haut en bas (aller sans retour)

 


 Le chômage en soi est déjà une punition.

Quand tu as validé ton inscription chez Pôle Emploi et qu'ils t'envoient le montant de ton indemnisation, ça devrait être accompagné d'un petit mot supplémentaire pour dire : «Vous venez de perdre un tiers de votre pouvoir d'achat, merci de vous adapter rapidement».

Tu retires de tes dépenses tout ce qui n'est pas indispensable. Le fait d'aller, le soir, manger dans des établissements qui cuisinent pour et mieux que toi n'est directement pas prioritaire. Pour faire tes courses, tu lâches le bio et les marque au profit des produits siglés de ton supermarché.

Tu ne vas plus au cinéma et tu n'accèdes plus à la culture (et tes gosses non plus). Tu ne sors plus prendre un verre et ceux que tu croyais tes amis s'éloignent parce que, c'est humain, c'est toujours eux qui paient.

Tout le système du chômage est concrètement punitif.

Même si tu es un bon chômeur qui respecte toutes les règles du bon chômage, personne ne te félicite. Si tu participes aux activités, si tu assistes à ta dix-septième session sur la meilleure manière de dynamiser son profil professionnel, même si, durant cette formation, tu fais profiter le groupe de ton expérience du chômage, personne de t'applaudit.

Même si tu envoies toutes les candidatures* qu'il faut, même si tu devances les besoins en proposant ton formidable curriculum vitae à des entreprises qui ne t'ont rien demandé, même si tu développes ton réseau de connaissances à des fins de prospection sur «marché du travail caché», personne ne t'appelle pour t'annoncer que ça va améliorer ta situation.

Tes revenus continuent de baisser et quand tu es tout en bas du truc, on te change d'étage et tu atterris au RSA.

C'est le moment où tu perds le peu qu'il te restait encore. Par exemple, la possibilité de choisir tes aliments. Tu n'as plus assez pour t'acheter à manger et tu dépends maintenant de ce qu'on veut bien te donner.

Ta vie sociale se découpe en tranches. Il y a l'après-midi à faire la queue aux Restos du Cœur et l'humanité des gens d'en bas. On s'échange des bons plans et des boites de conserve. On se refile des fringues pour les enfants mais pas que. Les plus pauvres, au moins ils ont, au plus ils sont prêts à aider les autres, c'est étonnant. On se deale des sourires et de l'entraide.

Il y a les heures de fatigue à lutter contre le système qui vous noie ET vous soutient. La CAF ceci, la banque cela, on dirait qu'ils se relaient les uns les autres pour créer des problèmes. Pour un papier oublié, c'est tout le dossier qu'il faut refaire, ce qui est compliqué quand tu n'as même pas les moyens de disposer d'un accès internet.

Et quand tu es bien fatigué de tout ça, on vient te dire que tu dois en plus travailler gratuitement pour te maintenir dans la misère. Mais il y avait du travail alors ? Pourquoi tu ne m'as pas embauché. Avec un salaire.


Source photo : Alexis Christiaen - La Voix du Nord