jeudi 16 juillet 2009

Rire avec la gauche [qui rira le dernier !]

Il se peut que cet article soit un peu long
et contienne
quelques liens un peu olé-olé !




[source]


Nous sommes le 14 mars 2001 et monsieur Jospin est à la cuisine, debout face à la casserole. Il s'apprête à vérifier la cuisson des paupiettes et, la cuillère à la main, l'air hésitant et songeur, l'œil clos derrière ses lunettes de métal, il goûte le peu de sauce qu'il vient de glisser sur sa langue afin d'en mesurer les fines saveurs. La pensée le traverse qu'un échec dans la réalisation de ce plat l'amènera vraisemblablement à devoir quitter définitivement la vie gastronomique.

C'est à cet instant précis que Sylviane passe la porte du bureau. C'est une femme proche de la cinquantaine qui porte une beauté resplendissante de milf et un pull échancré dévoilant largement la naissance de ses seins. Elle quitte un instant la stratosphère de ses écrits pour recueillir le sentiment de son concubin car, toute femme qu'elle soit, elle éprouve parfois le besoin irrépressible de plonger dans le bon sens rassurant et la parole apaisante de son homme :


— Dis-moi, mon doudou, comment pourrions-nous déterminer l'orphisme en tant que sophisme dans l'herméneutique phénomènologique de la Comtesse de Ségur ?

Lionel est soudain terriblement déprimé. Ce soir-là, après avoir terminé d'avaler les paupiettes assez moyennes mais acceptables, après avoir discuté en détail de l'épisode de Sophie découpant un poisson rouge à l'aide d'une paire de ciseaux et du rôle polysémique autant que plurivoque de l'ustensile dans son déterminisme social et symbolique au double rôle inéluctable de ménagère et de castratrice chez l'héroïne en tant que femme à devenir [c'est vous dire si la soirée fut longue et passionnante], il se retire dans son bureau et prend enfin sa décision : il convient aux français de se choisir d'abord un Président pour ensuite élire les Députés.


Ce pourquoi la gauche merdoie


Cette étape est une erreur historique qui continue de peser sur l'existence même de la gauche. Issue d'une philosophie du collectif qui consiste à s'enrichir en permanence d'un groupe d'individus unis dans le but d'améliorer le sort de tous, voici la gauche enfermée, par cette inversion du calendrier électoral, dans une recherche perpétuelle d'un leader. Or, il n'appartient qu'à la droite de croire au culte du chef et au mythe du capitaine capable à lui seul de vaincre toutes les tempêtes grâce à sa volonté de fer, à ses muscles d'acier et à ses talonnettes de tout genre.

La gauche pourra penser autant qu'elle veut la situation du monde et elle pourra faire naitre de cette réflexion collective toutes les idées de progrès qu'elle juge bonnes, elle se trouvera encore et toujours empêchée d'accéder au poste de décision suprême par son incapacité à se créer un meneur. Il n'est simplement pas dans sa nature d'accepter la suprématie d'un seul sur tous, de croire qu'une seule personne du fait de sa dotation à la naissance puisse dominer les autres afin de les diriger. Prise au piège dans cette logique de droite, nous assistons au ballet plus ou moins sincère des unes et des autres afin de démontrer qu'il pourrait être le porteur d'un destin de directeur et, si le providentiel et putatif candidat ne se fait abattre ni au départ ni avant l'arrivée, il se révèle fatalement incapable d'en rassembler les suffrages.



Ce comment la gauche s'en sortira


Si les derniers résultats électoraux présidentiels démontrent plus qu'il n'est besoin la validité de cette théorie, il reste évident aussi que la destruction systématique du modèle français par la droite au pouvoir n'est plus acceptable. Il est plus que temps de permettre à un groupe politique prônant la justice sociale d'appliquer enfin ses idées au pays. Monsieur Poireau lui offre aujourd'hui la méthode qui convient pour ce faire :

1. Refuser le combat
Puisque Nicolas Sarkozy est réputé imbattable, qu'il est un tribun hors pairs capable des meilleurs discours de pure forme, opposons-lui un candidat fantoche apte à caricaturer le discours de l'ancien maire de Neuilly. Ce clown aura pour mission de démontrer par l'absurde les promesses électorales du leader minimo et de faire rire à gorge déployée à chacune de ses propositions. Puisque les électeurs savent par avance que le président en titre ne tient que peu ou pas ses engagements, à lui de nous le rappeler en extrapolant une par une ses idées. Notre amuseur argumentera d'une manière systématiquement ridicule.
Plusieurs exemples :
. Au «travailler plus pour gagner plus», notre pitre répondra par la proposition d'un smic horaire porté à deux cent cinquante euro dès la quarantième heure travaillée sur la semaine.
. A l'idée du travail le dimanche, il avancera l'idée de l'activité permanente avec des supermarchés ouverts jours et nuit et sept jours durant, grâce à la mise à disposition de nouveaux salariés âgés de dix ans au moins.
. Pour la possibilité de la retraite, il proposera que celle-ci soit désormais réservée aux seuls employés ayant permis un bénéfice d'au moins soixante-quatorze millions d'euros par an à leur employeur.
. Le fonctionnement de l'Education Nationale sera naturellement amélioré en même temps que l'économie deviendra florissante grâce à l'embauche massive des enfants en échec scolaire [par exemple au-dessous de quatorze de moyenne par trimestre].

2. Démonter l'enjeu
Notre loufoque devra communiquer avec force sur sa véritable incapacité à tout faire [je n'ai pas quatre bras, dira-t-il d'un air dépité mais souriant] et arguera de sa volonté à laisser les autres bosser à sa place. Il valorisera le rôle du parlement dans la sauvegarde et la construction du pays, bien plus importantes que les petits pouvoirs Elyséens. Il insistera le plus souvent possible sur ce que nous coûte un député et que, pour ce qu'on les paie, ce serait quand même bien de les mettre au boulot. Il rappellera aussi que l'ensemble des régions fonctionnent très bien telles qu'elles sont, avec la gauche à leur tête, et qu'il ne voit nulle raison de changer une équipe qui gagne.

3. Casser le mythe
Enfin et surtout, notre guignol s'engagera, en cas de réussite au scrutin présidentiel de mai 2012 à ramener la fonction présidentielle à sa juste mesure et à redonner le pouvoir aux élus qui choisissent de travailler collectivement, y compris au sein de toutes les instances au niveau régional.

4. Penser plus loin
Notre zouave officiel soulignera le plus souvent possible son rôle de simple amuseur et insistera sur l'enjeu véritable : élire une majorité de gauche à l'Assemblée Nationale incluant tous les courants du Parti Socialiste et des autres afin de mettre fin à la fonction du président. Il se moquera pour cela d'un Nicolas Sarkozy a qui il aura fallu cinq longues années et un salaire multiplié par deux, juste pour réussir l'installation du tout-à-l'égout dans la maison de sa belle-mère !


Ce comment la gauche durera

La gauche est construite sur sa capacité à regrouper les individus, à s'enrichir de leur diversité afin d'organiser la redistribution équitable des richesses produites par la nation. Puisqu'elle n'a, par définition, aucun chef possible, elle doit tout mettre en œuvre pour en casser la possibilité. L'une des premières lois présentés au parlement sera, outre l'abaissement de ses responsabilités, la possibilité de mettre fin à tout instant aux fonctions du Président de la République…


Une utopie ? Mais non ! Vous verrez qu'en cherchant un peu,
vous trouvez vous-mêmes quelques marioles
prêts à être candidat de la gauche dans les conditions ci-dessus,
n'hésitez pas à les nommer en commentaire !


28 commentaires:

  1. je suis quelqu'un laxiste à la base. tu as raison qd tu dis que la gauche n'aime pas les leader, je le pense aussi. Cette situation est cependant surmontable mais il faut de l'ordre et un un minimum de collectif.

    C'est vrai que la gauche n'aime pas l'ordre à la base (comme moi) mais mince, quelle chienlit actuellement.
    J'ai décidé d'être intraitable avec les prochaines dérives du type de celle de Valls. ces attaques "perso" sont intolérables.

    Pas envie d'aller dans un mur en 2012.

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  2. Heu .. ça va être vachtement difficile de trouver le guignol non ?

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  3. Peuples : les murs ne sont jamais sûrs, rassure-toi ! Balladur devait être président et Jospin au second tour ! :-))

    Hypos : mais non ! On peut choisir un vrai comique. J'ai mis en lien Didier Super par exemple !!! :-))

    Gaël : ah Jospin en clown triste, ça peut le faire. Mais alors on garde Sylviane loins des micros, personne ne comprend ce qu'elle raconte ! :-)))

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  4. Zut! je découvre ton article trop tard! Je reviens demain…

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  5. ENorme ! Demain je cliquerai sur tous les liens

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  6. Pourtant ,des rigolos, y'en a déjà plein à gauche...

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  7. Le Coucou : you are welcome ! :-))

    Disparitus : merci ! Les articles suivants seront plus légers, je pense ! :-))

    Homer : c'est pas grave, on les mettra à l'Assemblée ! :-))
    [L'impression que le fond de l'article n'est pas compris (ce qui est de ma faute !), je souhaite que le PS s'occupe e gagner les législatives avant tout !].

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  8. Tu as raison, la culture du chef devant lequel se prosternent ses partisans est une valeur de droite. A gauche, c'est un porte-parole désigné par les militants pour relayer leurs idées. Ça me rappelle la distinction que tu faisais entre président-chef et représentant du peuple :) Comment veux-tu que Sarkozy comprenne véritablement la nature de sa fonction...

    C'est drôle, pour moi notre omniprésident est déjà un sacré clown, nul besoin d'un pitre lui donnant la réplique pour le démontrer. Tu crois que ce n'est pas encore évident pour beaucoup ?

    "La gauche" (le PS d'après ton billet) est actuellement, il faut bien le reconnaître, un parti où des gens se battent pour savoir s'il doit être de gauche ou de droite (je caricature mais ne suis pas loin de le penser). Les militants et sympathisants vont y perdre leur énergie. Ça fait 15 ans que je m'intéresse au PS et ça fait 15 ans que je vois ça, le PG a été pour moi une aubaine pour militer sans me battre en permanence contre des gens de mon propre parti. C'est malheureux mais c'est comme ça.

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  9. Marie-Georges : il faut toujours rappeler que le Président nous représente mais ne nous dirige pas, comme tous les élus, c'est vital pour la démocratie !
    Bien sûr que Sarkozy est un clown et c'est pour ça que je propose l'outrance comme opposition dans cette course au poste suprême. A la manière de la "clown army" que j'ai mise en lien.
    Pour le PG, je suis d'accord avec toi mais il faut voir comment ça évolue avec l'adhésion de plus en plus de militants justement. J'aime beaucoup l'analyse politique de Mélenchon sur son blog (en lien aussi ici !) même si je ne suis pas tj d'accord avec lui. A suivre, vraiment !
    :-))

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  10. Un bel article que je vais relire à tête reposée ...

    En attendant tu es taggué http://monmulhouse.canalblog.com/archives/2009/07/17/14426353.html

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  11. Ainsi Martine Aubry c'était pour de rire! Ouf!

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  12. Eric : en tout cas, elle aurait du sourire, pour le coup ! :-)))

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  13. «Le président nous représente mais ne nous dirige pas» j'adhère à cette idée, de même que je suis viscéralement réfractaire à la chefferie. J'élis des représentants dont j'espère qu'ils sauront agir au mieux dans l'intérêt du pays, mais aussi qu'il seront capables de rester à l'écoute des gens, afin de maintenir un équilibre entre leur vision de l'intérêt collectif (toujours discutable) et la réalité des besoins de la population.
    Pour le guignol, c'est tellement difficile que je ne vois pas, sauf J. Lang, peut-être?

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  14. un peu de joyeuses perspective ça fait du bien

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  15. J'arrive après la bataille.

    Le coup du candidat fantoche n'a pas déjà été fait, en 2007 ?

    ;-)

    Plus sérieusement, je suis d'accord avec le taulier, le PS, en l'absence de leader, doit présenter un candidat "fantoche" (peut-être pas tel que celui décrit dans le billet), pour décrédibiliser Sarkozy et la manière dont il a entrainé la fonction... Et montrer que, derrière, des gens sérieux et compétents savent gérer et mener des projets.

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  16. Il semble bien que je sois le seul ici mais je ne pense pas que le "culte du chef" soit une valeu de droite.
    Selon moi, ce n'est pas parce que la gauche ne parvient pas à s'en trouver un que cela veut dire qu'elle n'en veut pas.

    Au contraire même, la gauche a depuis toujours, historiquement, la culture du "parti" ce que n'a pas la droite (qui fonctionne par courants et mouvements).
    D'ailleurs la gauche a toujours su se trouver un leader (inutile de citer les noms depuis Jaurès).

    En fait je crois surtout que l'inefficacité de la gauche actuelle vient justement du fait qu'étant issue d'une culture politique de parti et donc de chef, elle doit en avoir un, sinon on a un poulet sans tête.

    Pour finir sur un hors-sujet, la droite en vient elle aussi a une culture de parti, car ses courants sont de moins en moins autonomes(ce qui a pu se constater depuis la création de l'UMP en 2002).

    (j'avoue avoir recraché quelques lignes de mes cours de sciences-po de la fac)

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  17. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  18. Sacré Monsieur Poireau !

    Ceci n'a rien à voir avec cela (quoique) mais, à l'occasion, j'aime (me) rappeler que "maladroite" et "gauche" sont synonymes.

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  19. Chr Bohren : ah ? C'est un peu comme démocratie et UMP alors ? :-))
    [référence au choix du futur candidat pour 2012]

    Oups, j'ai effacé un commentaire ! :-)

    Emmanuel : il y a une différence que tu sembles ignorer entre "chef" et "chef auto proclamé". Un peu de révision sera nécessaire, je pense ! :-))

    Nicolas : non, en 2007, c'était sérieux en fait ! (oui, je sais, on peut en douter vu l'absence de préparation mais bon !)
    Evidemment, j'exagère, mais le coup du "fantoche" et de refuser le combat me semble un bon angle pour démonter le tout-puissant Sarko

    Romain : merci !

    Le Coucou : pour les représentants, nous sommes d'accord.
    Pour le clown, je parle d'un vrai clown assumé, pas d'un homme politique qui aurait viré comique à force de ridicule !!! :-)))

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  20. Le Parti Socialiste doit simplement revenir aux racines du socialisme

    http://ysengrimus.wordpress.com/2008/05/06/le-socialisme-n%E2%80%99est-pas-un-programme-politique-mais-une-tendance-sociale/

    Des rendez-vous l’attendent encore, s’il le fait.
    Paul Laurendeau

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  21. Je lis un tout petit nombre de blogs en ce moment pour des raisons logistiques et je suis très heureux d'être repassé par ici !

    Cet article est un des meilleurs que j'aie lu depuis longtemps.

    J'avais déjà écrit un truc dans le genre en 2007, mais moins pensé et surtout très mal rédigé, ce qui n'est pas le cas du tien.

    Je verrais bien le fantoche faire des propsitions du genre retraite à 40 ans, smic à 5000, semainede 20 heures, avec en réponse standard à toutes les objections : hé, gars, tu te souviens des tiennes de promesses il y a cinq ans ?

    Nicolas : Royal n'était pas une candidate fantoche, elle était juste mauvaise.

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  22. J'adore le passage de mon commentaire : "cet article est le meilleur (....) j'avais écrit le même (...)"

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  23. Franssoit : mais tu n'exagères pas ! Ta manière de traiter les sujets "de biais" si je puis dire, m'apporte beaucoup.
    Merci du compliment !

    Oui, j'imagine un candidat clown capable de ridiculiser les arguments d'un Sarkozy bateleur en chef ! De l'outrance, bordel !!! :-))

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  24. Benoit Hamon ressemble beaucoup à Keanu Reeves dans Matrix je trouve.

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