vendredi 4 décembre 2015

Gorbatchev [ou bien…]



Franchement, je ne vois pas comment on va s'en sortir.

Ou bien on a de la chance et on tombe sur un type formidable, ou une gonzesse va-savoir, une sorte de Gorbatchev* français ou européen (ou ce que vous voulez, on s'en fout) qui arriverait pour dire :
- Votre système est magnifique, gloire à la bourse et au CAC 40, mais ils ont échoué et nous devons en changer.

Sept milliards et quelques millions d'êtres humains dont pas mal ne mangent pas à leur faim sur une planète qui n'en peut déjà plus et on continuerait avec une doctrine qui nous promet encore de la croissance ? Mais quelle croissance ? La Terre en a assez de nous !

C'est bon, la croissance, c'est fait, on passe à autre chose. On vous rappellera quand on aura trouvé une autre planète. L'industrie*, c'était une chouette expérience, merci. Mais je pense qu'on va arrêter là. Je pense qu'il FAUT s'arrêter là.


Pour la suite, je ne sais pas plus que vous dans quelle direction il faut aller. Mais quand après 165 années de fonctionnement un système nous a amené à “ça” de rentrer dans le mur, il faut peut-être songer à lui faire passer la révision des 5.000.

La plupart des gens travaillent pour un salaire, ils n'ont pas de véritable «travail». Ils effectuent des heures de services durant lesquelles ils accomplissent un certain nombre de tâches durant un certain nombre de mois, d'années, de vie. Mais la plupart d'entre nous savons bien que si personne n'effectuait ces tâches, la planète continuerait parfaitement de fonctionner.

Parce que ce «travail» s'il n'a pas réellement d'utilité pour notre société humaine, en a une sur le marché. Il s'agit le plus souvent de produire quelque chose qui pourra se vendre plus cher que ce qu'il a coûté. Ainsi, la plupart des gens travaillent simplement à produire du bénéfice.

Ceux qui ont les moyens d'acheter des immeubles louent des appartements pour faire produire du bénéfice à ceux qui ont les moyens de financer la production de bénéfice par des employés. C'est une société parfaitement stupide dans laquelle l'essentiel d'entre nous est occupé à produire encore plus d'argent pour des gens qui n'en ont pas besoin.

Bien entendu, l'État capte tout de même une petite partie de ces flux d'argent pour s'occuper du reste. Des écoles, des hôpitaux, des universités, des routes, des trains, de la poste, des villes, des transports ; de tout ce qui ne produit pas de bénéfice mais qui est réellement utile à notre société humaine.

Evidemment, aucun Gorbatchev ne viendra mettre les pieds dans le plat et lancer la transformation de la société en douceur. Nous votons pour des gens qui pensent encore que le dogme a raison, que le dogme a toujours raison
Ou bien, ça va péter



Nota benêt : si la plupart des gens travaille
à produire du bénéfice, tu comprends mieux
le sens de l'expression : «la valeur travail»

[J'ai piqué l'image ici*] 
 

jeudi 15 octobre 2015

Le problème avec Twitter

Le problème avec Twitter, c'est qu'ils ont décidé d'ouvrir le capital et d'aller jouer dans la cour des grands avec les actionnaires. Le problème avec les actionnaires, c'est qu'ils ne comprennent rien aux réseaux sociaux*. Ce qu'ils comprennent ce sont les chiffres du ROI. Pour parler clairement : si je te file mille euros, combien ça me rapporte ?

Ce qui se passe sur Twitter, les formidables contenus que nous produisons jour après jour, nos plaintes, nos récréminations, nos LOL, nos histoires de l'Histoire en train de se faire, nos comptoirs, ça ne les intéresse pas. Ce que veulent les actionnaires, c'est que chaque espace entre nos petites crottes de moins de 140 caractères soit un espace à louer.

Le problème avec Twitter, c'est depuis que Twitter n'écoute plus ses utilisateurs mais uniquement les actionnaires. Lesquels sont soit ignorants soit oublient un peu vite que Twitter ne doit son succès qu'à un certain hasard. Il n'a jamais été conçu pour devenir ce débiteur d'info qu'il est devenu. Ce n'était que le projet d'un service de SMS gratos grâce à la wifi.

Presque chacune des fonctions que nous utilisons aujourd'hui sur la plateforme a été amenée par les utilisateurs. Le RT a été implémenté uniquement APRÈS que son usage se soit "naturellement" répandu sur Twitter. Aucun des changements intervenus depuis l'entrée en bourse de la start-up de Jack Dorsey ne provenait d'une demande des utilisateurs mais consistait à vouloir injecter toujours plus de publicités et donc plus de contrôle sur la TL du twitto lambda.

Ce qui a intéressé Twitter ces derniers mois, ce n'est pas d'écouter l'avis des twittos mais de promettre plus de pognons à des financiers trop pressés. Des tweets existent qui critiquent l'interface, qui proposent des évolutions, qui apportent des idées pour améliorer le fonctionnement de l'application mais vous pouvez toujours essayer de mentionner @Twitter_fr personne ne vous répondra jamais.

Ils sont trop occupés à réfléchir à la rentabilité. Les licenciements chez Twitter sont la conséquence de l'attitude des actionnaires qui n'ont pour seul objectif qu'un gain rapide d'argent facile, qui étouffent un réseau social. Le problème avec Twitter, c'est de proposer une stratégie déployée non pour les utilisateurs mais pour satisfaire les annonceurs.


Quelques idées pour Twitter :
. Permettre d'éditer un tweet pour corriger les fautes de frappes.
. Lancer un outil équivalent à Storify pour permettre la création de collections de tweets.
. Offrir à chaque profil, en dehors de sa TL, la création d'un espace personnel dénommé "Page" pour narguer Facebook. Sur cette page, il sera possible d'épingler des tweets de toute sorte, de poster des vidéos (de quoi améliorer la visibilité de Vine) et bien entendu d'écrire des articles de blogs. L'avantage de cette création est double : s'affranchir de la limitation des 140 caractères parfois pesante et augmenter l'espace publicitaire disponible.

samedi 3 octobre 2015

Le rugby [Tous ensemble !]



[Mathieu Bastareaud en pleine conquête du territoire canadien]

Le rugby est un sport qui fonctionne sur une logique très ancienne d'occupation de la terre. Au début de la partie, chacune des deux équipes en possède exactement la moitié et va essayer d'envahir la partie opposée. Le but est d’en coloniser le plus possible jusqu’à réussir à déposer le ballon au-delà de la ligne de but, marquant ainsi que l’adversaire a perdu son territoire. La base du jeu, c’est de conquérir du terrain et de l’occuper. L’équipe qui domine le jeu est donc celle qui progresse.
C’est la possession du ballon* qui octroie le droit d’avancer. C’est pour ça qu’il est interdit de le lancer vers l’avant : c’est de tenir la balle qui permet d’avancer, pas de lui courir après. Celui des joueurs qui s’en retrouve porteur essaie de faire quelques pas jusqu’à se retrouver arrêté physiquement dans sa progression. S’il en a le temps, il peut envoyer le ballon vers un coéquipier avant que le joueur adverse ne tente de s’en saisir pour offrir à son équipe la possibilité d’avancer à son tour.
Il peut arriver qu’une équipe, surtout si elle constate qu’elle reste coincée par la défense, envoie le ballon d’un coup de pieds loin vers l’avant en espérant le récupérer quand il retombera. Ou bien il peut arriver qu’elle l’envoie volontairement en touche (mais il ne faut pas que le ballon sorte sans avoir rebondi une fois au moins à l’intérieur des limites du terrain) comptant sur la remise en jeu qui s’en suivra pour reprendre possession de l’ovale de cuir. Mais la plus belle manière d'avancer reste de porter le ballon de main en main jusqu'à l'en-but adverse.
Pour affronter une équipe de quinze joueurs bien décidée à ne pas te laisser passer, tu as intérêt à avoir des potes qui courent avec toi pour te pousser si nécessaire ou pour reprendre à ta suite, l'avancée du ballon. Le rugby est un sport essentiellement collectif où il y a peu d'exploits individuels. Chaque type de joueur a une égale importance vers la victoire : du gros gabarit très efficace pour stopper frontalement une tentative d'avancée adverse au type tout maigre et rapide pour essayer de se faufiler parmi la défense. 
La plupart des fautes que sifflera l’arbitre sont des actions qui empêche le principe du jeu de se réaliser. Par exemple si tu es par terre et que tu essaies de jouer le ballon, comme tu ne pourrais pas avancer si tu l’attrapais, c’est interdit. Ce genre de fautes se lavent par un affrontement direct entre les packs : les huit plus forts de chaque équipe qui poussent épaules contre fesses contre épaules contre fesses contre épaules pour faire reculer le groupe adversaire.
On appelle ça une mêlée, même si en réalité, les joueurs ne se mélangent pas entre eux. C’est le moment du match où la ligne de propriété du territoire est la plus nettement visible, à l'exact point de rencontre des deux packs ; surtout si l’une des deux équipes domine et amène l’adversaire à reculer sous la poussée.
Comme dans tous les sports, il y a tout un tas de règles pour l’organiser. Il n’est pas très utile de les énumérer ici. Tu les découvriras assez vite en suivant quelques matchs du XV de France. Il est à noter que l’un des intérêts de suivre le rugby sur la durée est de voir comment ces règles évoluent, année après année, dans l'objectif clairement établi de fluidifier le jeu. Si tu retiens qu’au rugby, «tout ce qui ralentit la circulation du ballon est proscrit» ça va bien te simplifier la compréhension de ces règles et du jeu.


mardi 25 août 2015

Crans-Montana. Un désert, un nouvel état ?




Billet invité, signé @Annesobru


C'est un mot posté régulièrement par elle sur les réseaux sociaux, accompagné de photos, qui m'a fait me poser la question.
Crans-Montana, c'est en Suisse. Je n'en ai jamais entendu parler. C'est un lieu célèbre des années 60-70 où insouciance et argent allaient de pair.
Elle, c'est Monica Sabolo, écrivain, ex journaliste, que j'ai découverte par hasard - car je ne lis pas d'auteurs français d'aujourd'hui - avec son livre. Tout cela n'a rien à voir avec moi que j'ai adoré, étrange livre-objet fragile comme un Francesca Woodman.
 
Savoir qui est Monica importe peu. Elle se défend de parler de ses propres souvenirs. Elle dit qu'elle invente. Sa plume est langoureuse et pique parfois. Bien sûr elle n'invente pas. Les douleurs de cette jeunesse huppée est vécue et la mère, présente déjà dans le précédent livre, imprègne encore de son insolence de nombreux passages du nouveau livre. Elle cherche un père à sa fille, et l'amant français comme l'amant chinois balance fric et diamants.
 
Ce livre a trois héroïnes. La beauté est partagée entre elles, les secrets, les soirées. On n'y entend pas Blue Moon mais sans doute du disco. Qu'est ce qui tient lieu de Campari comme dans les petits chevaux de Tarquinia ? Je l'ignore. Résumer l'histoire n'est pas mon propos. Monica me parle, à moi, comme autrefois MD m'a parlé. Quand je la lis, je deviens une oreille, un cœur, une perception. Ses mots me sont immédiatement donnés, la lire tient du bonheur et de la souffrance, comme disait Truffaut.
 
Monica c'est une découverte, un mirage, un fil tendu. Elle parle d'amour avec une fausse légèreté  qui est sans doute une tragédie. Monica et ses mots sont des photos de Todd Hido, de S. Shore, tout en douleur rentrée. Le temps passe sur la vie insensible, sur le mystère qui plane dans ces lieux qui comme un Saïgon rêvé, pourraient tout aussi bien ne pas exister.

 

dimanche 2 août 2015

Tous des salopards [même moi !]

Comme je travaille lambine sur Twitter, parfois sous plusieurs identités, j'ai ce plaisir un peu coupable d'entendre les rumeurs qui courent à mon propos. Je veux dire concernant Le_M_Poireau*, pas moi. Suivez un peu, on est plusieurs. Mais cette fois, ce sont des médisances inadmissibles qu'on colporte à mon encontre. Je me dois de répondre à ces cloportes.

J'ai pu lire ici ou là que je serais plus un artichaut* qu'un poireau, ce que je tiens à démentir. C'est ignoble de laisser prétendre que je m'adonnerais secrètement à la gentillesse et qu'il m'arriverait même d'être aimable. J'ai croisé récemment, la plus odieuse version de cette rumeur qui va jusqu'à prétendre que j'essaie d'être attentif aux autres. Je tiens à apporter un vigoureux démenti à toutes ces vilénies, il en va de ma réputation et de l'honneur de ma famille.

Issu d'une longue lignée de salopards, je ne laisserais pas dire que je suis épris de bonté ou de bienveillance. Ma mère était une fieffée connasse, mon père un dangereux psychopathe ; mes oncles, mes tantes, mes cousins, toute une belle bande de racailles. Même ma grand-mère était une satanée pourriture, et son mari, mon grand-père, un bon à rien internationalement reconnu.

Mes aïeux aimaient la douleur et quand ils n'ont pas délaissé leurs enfants comme l'exige pourtant notre coutume, quand ils ne les ont pas autant ignorés qu'ils l'auraient dû, c'est surtout parce qu'ils les ont exploités de toutes les plus horribles manières imaginables. Ma famille, ce n'est pas comme la famille Nutella qui attaque sournoisement la jeunesse, c'est plutôt la famille Cruella qui agit ouvertement. Néanmoins, ça reste le même concept : des années d'expérience feront toujours la différence. 

Si mes ancêtres et moi avons laissé une trace dans l'Histoire, je vous assure que ce n'est pas pour avoir secouru qui que ce soit. Il faut cesser cette calomnie à mon égard. Je vous préviens, je crache à la face du premier qui recommence à dire du bien de moi. J'ai la haine dans le sang et ça peut faire mal. Arrêtez de dire n'importe quoi, je ne suis pas gentil.


Nota benêt : il parait que la drogue
peut rendre psycopate. Du coup, j'ai arrêté le hash.

lundi 13 juillet 2015

François Hollande [tous ensemble, tous ensemble]



Tu sais que je ne suis pas fan de François Hollande. Disons qu'il est, dès le départ et à mes yeux, le plus mauvais choix que pouvait faire la gauche pour s'installer aux manettes du pays. Ce point de vue a été conforté après sa première rencontre avec madame Merkel. Au lieu de rester sur le mouvement de sa campagne, sur l'énergie de son élection, au lieu de retourner la table, option qui avait ma préférence, il a traité ça tout en rondeur. Comme si Angela avait une passion pour la délicatesse.

Ça m'a un petit peu énervé.

Mais là, je suis obligé de reconnaitre qu'il a bien manœuvré pour éviter  la sortie de la Grèce de la zone euro. Au milieu de tous les pays qui étaient plus ou moins d'accord pour l'envoyer se faire voir, sur la carte, il demeurait la France, ultime camp retranché des irréductibles. S'il n'a pas dû passer un week end facile, il a donné à entendre une musique différente en Europe, non pas celle des experts comptables mais celle des humanistes : la Grèce est le berceau de notre Histoire européenne, elle ne PEUT pas en sortir.

Ça m'a un petit peu fait plaisir.

Evidemment le lendemain est comme un lendemain de cuite. Quand je sors du symptôme de Stockholm, pour découvrir ce qui a vraiment été signé. Si la volonté du peuple grecque était de rester parmi nous, ils vont maintenant découvrir le prix de l'abonnement. Ce plan est une véritable saignée économique et une prise du pouvoir des instances européennes sur un pays démocratique qu'ils ont mené à l'abattoir. L'animal a lutté toute une nuit avant d'en accepter l'augure.

Ça m'a un petit peu dégouté.

Quel est ce président de gauche qui livre ainsi un pays ami dont il a lui-même lié les mains, à son ennemi la finance ? Que se passe-t-il dans la tête d'un homme du Parti Socialiste — coucou Jaurès, coucou Mitterrand, coucou Jospin — au moment où il obtient la reddition d'une démocratie contre les banquiers rapaces ? Qu'est ce qu'on ressent à donner raison à l'orthodoxie comptable de la droite conservatrice européenne contre la volonté d'un peuple portée par Alexis Tsipras ?

Ça m'a un petit peu révolté.

Mais quand tu suis l'actualité, il est bon de ne pas rester les yeux collés sur l'écran. C'est aussi mauvais pour la vue que pour la compréhension. Il faut savoir relever la tête, reprendre un peu de hauteur pour trouver des perspectives. J'essaie de faire cet exercice afin de comprendre la stratégie de François Hollande et j'arrive à cette hypothèse :

Maintenant qu'il a réussi à conserver la Grèce dans la zone euro [du moins si l'accord passe le vote des parlements nationaux] et que celle-ci va récupérer des moyens financiers, il va pouvoir pousser l'Europe à desserrer le verrou de l'austérité. Ces cinq dernières années, la Grèce a été le laboratoire d'une politique économique qui a mené le pays à sa ruine. Si les créanciers veulent récupérer leurs billes et s'ils ne sont pas idiots, ils ne vont tout de même pas recommencer les mêmes erreurs. Ils doivent changer de méthode.

Il faut, dans le sud de l'Europe comme ailleurs, retrouver de la croissance et François Hollande peut à présent défendre l'idée de relâcher la pression des traités. Si l'Europe est sauvée par ce compromis, après ces négociations au bord de l'abîme, elle est à l'état de ruines. Reprendre le chemin de la croissance, tous ensemble serait le meilleur moyen de faire renaître le projet européen. Le locataire de l'Elysée a de nouveau une chance d'être un grand président de la République en portant cet étendard. Il a maintenant l'occasion d'utiliser la Grèce comme le cheval de Troie d'un changement de la stratégie européenne.




Nota benêt : en même temps, un pays qui aime autant
les ruines, il y avait de quoi se méfier. 


dimanche 31 mai 2015

La démocratie [je pose ça là…]





La démocratie, telle que nous la pratiquons aujourd'hui est arrivée en fin de course. Il y a d'abord les partis bien en place qui empêchent par leur accaparement des financements publics, tout autant que par la manière dont ils choisissent leurs candidats (la reproduction des élites), toute irruption d'un chien dans le jeu de quilles. Il y a ensuite les industriels et les banquiers qui œuvrent dans la coulisse, qui sont reçus et écoutés au Château et dans les allées du pouvoir, qui signent des amendements prêts à voter pour expliquer et contrer le danger qu'il y aurait à modifier des règles qui leur profitent.

Tu peux bien voter pour A ou pour B, selon tes convictions ou parce que tu auras été séduit par un discours nouveau chantant haut et clair ce que tu reconnais comme tes revendications et tes espoirs d'une société meilleure, ça ne peut rien changer. Puisque A et B sont issus de ces partis qui sont eux-mêmes une pièce du puzzle, qui ne souhaitent pas transformer une organisation qui justifie leur existence. Les partis du système présentent des candidats du système pour maintenir le système.

Il y a enfin, par dessus tout cela, l'Europe. Ce machin si peu démocratique au-dessus des Etats qui les empêche de tenter des expériences, qui érige des normes en dehors desquelles il n'est pas permis d'aller. L'Europe qui impose au long cours de soutenir son libéralisme de naissance puisqu'elle s'est tout d'abord bâtie en tant que marché unique et que cela reste son seul objectif. Son seul ADN héréditaire est le commerce, pas le soutien aux populations. Elle s’affaire à son unique objet : que l'argent circule entre commerçants et nullement à ce que les pauvres puissent se nourrir.

L'Europe enfin qui, même si elle se réformait pour modifier son objectif politique, même si elle décidait finalement de devenir un organe de la représentation du peuple, agit à un tel niveau, à une telle échelle, qu'elle reste matériellement trop éloigné du citoyen. L'Europe, cette dilution excessive de la démocratie* où ton bulletin compte pour une part infinitésimale à la sortie des urnes. La masse du nombre d'électeurs et les règles de la représentation empêchent l'émergence rapide d'une force contradictoire, d'une opposition légitime à cette forme d'Europe.

En construisant cette union européenne supra-nationale, les libéraux ont rendu l'Etat inopérant, étouffé dans ses prérogatives par une cage réglementaire infranchissable et par un contrôle continu de ses finances*. Ils ont dilué l'expression démocratique, imposé comme seuls critères d'appréciation les richesses produites et jamais le bien-être des populations.

Tu crois que j'exagère alors que tu as sous les yeux l'exemple de Syriza*. Comment l'Europe traite ce mouvement légitimement issu des urnes, de la volonté du peuple grec afin de rétablir le pouvoir politique et de s'opposer aux forces de l'argent, comment elle tente d'étouffer chez eux toute velléité de tenir la promesse faite aux électeurs. Il suffit de voir avec l'exemple de Syriza, combien l'Europe s'oppose à ce pouvoir électoral qui est le nôtre pour maintenir vaille que vaille, le système en l'état. Or, il nous faudrait réformer ce système arrivé en fin de course…


Nota benêt : nos élus ne sont plus
nos représentant, ils sont en représentation


[Source de l'image*]
 

vendredi 15 mai 2015

Twitter [et l'évolution ?]




Si j'étais le PDG, je me lancerais dans la création d'un espace de micro-blogging en parallèle et lié à chaque profil Twitter. Ce serait un espace réservé sur lequel épingler certaines tweet story (de soi ou d'autres), qui offrirait de pouvoir recycler des tweets existants et leur offrir une seconde vie.

Evidemment, il sera possible dans ce Twitter-blog, de produire des articles de toute sorte avec l'incrustation de vidéo venues de Periscope ou Vine mais sans exclusive. Twitter offrirait ainsi un peu plus d'air à son système de brèves qui s'essouffle. J'en viens à me dire que c'est cette contrainte des 140 caractères qui étouffe à présent les utilisateurs.

Maintenant que les twittos sont matures, Twitter peut passer à l'étape suivante qui est de transformer le service en centre d'information complet. D'un point de vue économique, Twitter augmenterait sa surface publicitaire disponible et, mieux repéré par les moteurs de recherche, il absorberait un plus grand trafic et donc son audience.

Bien entendu, je ne suis pas PDG. Twitter, si tu me lis…

Source image

dimanche 15 février 2015

La baisse graduelle [coup par coup]

«Dès 1996, un rapport publié dans le Cahier de politique économique de l'Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE) faisait les préconisations suivantes pour liquider les services publics : «si l'on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles et aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d'élèves ou d'étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d'inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l'enseignement. Cela se fait au coup par coup, dans une école et non dans un établissement voisin, de telle sorte qu'on évite un mécontentement général de la population.»
Christian Morrisson «la faisabilité de l'ajustement», cahier de politique économique, n° 13, Centre de développement de l'OCDE, 1996, p. 30 [cité dans «Gouverner par le chaos» éditions Max Milo]

jeudi 12 février 2015

Traité de paix [souffle d'espoir]



Ce qu'est en train de faire François Hollande passe un petit peu inaperçu. Ou, pour le moins, son action n'est pas traitée sous cet angle. Pour comprendre, sortons la De Lorean du garage et retournons à Yalta en 1945, à la conférence de Yalta. Il n'y a rien qui te choque sur cette photo ? Eh ouais ! De Gaulle n'est pas sur le cliché ! C'est que nos amis américains, partis de Normandie pour arriver à Berlin, ils se sont dit : my god, on n'a pas fait tout ça pour rien, ici, c'est chez nous. Avec un bon projet pour la France : devenir un quasi énième état des Etats-Unis.

De Gaulle a piqué une gueulante, on a retrouvé notre grandeur d'antan et tout est rentré dans l'ordre. Le général en a conservé une certaine méfiance. D'où notre force nucléaire et notre indépendance militaire actée en 1966*… jusqu'à ce que Nicolas Sarkozy en 2011 signe notre retour au sein de l'OTAN sous commandement américain. On ne souligne pas assez combien l'ex-président français a couché le pays et trahi notre identité nationale.

Or, François Hollande, plutôt que de suivre la mise sous pression par les USA, a tenté de tendre la main à la Russie. Il n'a pas suivi la volonté américaine de relancer la guerre froide. Il a constamment gardé ouvert le dialogue avec Vladimir Poutine. Il a redonné à la France son rôle d'indépendance sur la scène internationale et je trouve ça bien.

[Pour les trolls et les peine-à-jouir : je ne suis ni pour Poutine ni pour l'Ukraine (aucun des deux ne m'a offert à boire, j'attends). Je sais seulement par expérience que, si la guerre éclatait entre l'Europe et la Russie, ça se terminerait autour d'une table après quelques dizaines de millions de morts. Alors, autant commencer par discuter tout de suite]

Nota benêt : des millions de morts en Europe,
c'est bon pour la croissance !

lundi 2 février 2015

L'UMP [à poil !]

Je ne sais pas quel génie de l'UMP a eu l'idée de faire de l'élection du Doubs un enjeu national mais nous pouvons d'ores et déjà le féliciter pour le bordel occasionné. Un fief qui n'est même pas acquis à la droite républicaine, ils auraient pu opter pour la discrétion. A la limite commander quelques bouteilles de Champagne avec modération, histoire de montrer qu'on y croit.

Les voilà, non seulement grands perdants de cette élection mais aussi : à poil, sous les projecteurs, ils sont tenus de choisir entre leurs deux ennemis. D'un côté le PS, son opposant de longue date mais républicain, de l'autre, le FN, parti aux relents fascistes. Lequel vont-ils conseiller de soutenir ?

Ce n'est pas un choix entre la peste et le choléra. C'est un choix entre rester dans les clous républicains ou décider que tout se vaut. S'il optait pour le «ni-ni», Nicolas Sarkozy indiquerait l'absence de frontières entre l'UMP et le FN. Il perdrait aussitôt son marqueur de différence pour 2017. L'UMP, ce n'est pas comme Le Pen and Co.

«Nota benêt : «Le problème quand tu es petit
et que tu te tires une balle dans le pied,
c'est que ça éclabousse sur le visage.»
Nicolas Sarkozy.

dimanche 25 janvier 2015

Je suis Charlie […ou pas !]

Suite aux attentats qui ont eu lieu à Paris entre le 7 et le 9 janvier 2015, nous avons assisté, le dimanche 11 janvier, à une manifestation d'ampleur inégalée. Le rassemblement, sans aucun slogan et sans autre mot d'ordre que «Je suis Charlie», a rallié quelques 4 millions de personnes à travers la France.  En marge, quelques uns ont refusé de se solidariser avec ce mouvement et ont tenté de faire entendre un autre message.
 
Pour revenir sur ces faits, j'ai demandé à Hélène Romano, docteur en psychopathologie qui tient une consultation spécialisée en psychotraumatisme, de répondre à quelques questions. Elle a accepté gentiment, ce dont je la remercie. 
 
 
Au surlendemain des drames intervenus à Charlie Hebdo, Montrouge, Dammartin-en-Goële et à l'Hypercasher de la porte de Vincennes, on a assisté à une manifestation d'une ampleur inégalée. Comment comprendre cette réaction populaire dont on peut remarquer l'absence de slogan fédérateur ?
Hélène Romano : les attentats ont touché des civils dans un contexte de paix ; ils ont inévitablement une dimension effrayante et bouleversante contrairement à des faits similaires exécutés dans des pays en guerre. L’ampleur des réactions s’explique en partie par un processus d’identification projective, chacun s’étant senti en danger.
La manifestation du dimanche a eu une dimension de rituel collectif avec une apparence de cohésion ; «apparence» car au final, les motivations de manifester étaient multiples : certains le faisaient pour rendre hommages aux morts, certains par adhésion communautaire, certains pour la liberté de la presse, d’autres parce qu’ils sentaient que ça allait être un moment historique et qu’il fallait y aller, certains en soutien aux familles endeuillés, d’autres pour ne pas être assimilés à des extrémistes islamistes, etc.
Derrière le slogan «tous Charlie» la cohésion était surtout assurée par cette expérience commune d’effroi face aux événements.
 
Face à cette communion nationale #JeSuisCharlie du 11 janvier, apparait un contre mouvement, notamment sur internet, qui prétend s’identifier aux terroristes. Comment l’interpréter selon vous ?
Hélène Romano* : Lorsqu’un mouvement tend à uniformiser des réactions, cela provoque inévitablement des réactions de défense de ceux qui ne se reconnaissent pas dans l’injonction collective, d’où «je ne suis pas Charlie» pour bien marquer sa différence et sa défiance face à un mouvement général dont ils se sentent rejetés.
Le fait que certains, au final très minoritaires, s’identifient directement aux terroristes, nous rappelle que lorsqu’une personne vulnérable se sent rejetée, le risque est majeur qu’elle ne tente de retrouver du réconfort du coté des extrêmes.
L’importance serait d’essayer de comprendre les réels motivations de ces «je ne suis pas Charlie» et de limiter ces vécus de persécutions et d’incompréhension qui clivent chaque jour davantage la population française.
 
Dans ce contexte, faut-il donc entendre «Je ne suis pas Charlie» comme une sorte d'appel au secours, une demande d'attention ?
Hélène Romano : C’est probable. Il y a toujours un décalage entre ce qui est donné à voir et à entendre (ce qui est manifeste) et ce que cela signifie de façon plus inconsciente (plainte latente). Ne répondre que par la sanction et le registre répressif ne résoudra pas la question posée sur l’identité des jeunes aujourd’hui mais également sur l’identité professionnelle des enseignants et les interrogations des parents sur leur fonction parentale.
 
Je suis frappé par l'injonction de silence qu'on oppose à ce refus de faire partie de l'unanimité. Est-ce, selon vous, une parole que nous devrions laisser s'exprimer ?
Hélène Romano : Une parole non exprimée conduira inévitablement à des passages à l’acte… Il ne faudrait pas avoir peur du débat, permettre à ces jeunes de décrypter le sens de ce qu’ils disent pour avoir un jugement critique (idem pour les adultes).
Les jeunes pointent les contradictions des adultes et leurs injonctions paradoxales : «tous Charlie» au nom de la liberté d’expression, ils s’expriment et on leur dit que ce qu’ils disent n’a aucune valeur. Comment des jeunes adolescents peuvent ils le comprendre autrement que comme un rejet des adultes ?
 
[Interview réalisée par mails entre le 16 et le 24 janvier 2015]
 

mercredi 21 janvier 2015

Mahomet ! [Oui, je le reconnais !]

                Mahomet quand il est trop stylé pour sortir en boîte.
                                     - Coucou, les filles !


Charlie Hebdo a le droit de caricaturer mais quand même, là, ils exagèrent, ils jettent de l'huile sur le feu. Combien de fois ai-je entendu ce propos répété à l'envi dans tous les médias. Même le pape qui se dit prêt à tabasser celui qui parle mal de sa mère. Ce moment où tu comprends qu'en fait, tendre la joue gauche est une feinte de baston ! Et un peu partout, des musulmans qui brûlent une église sans que personne ne voit bien le rapport. Peut-être que l'église avait insulté leur mère. 

Egorger des journalistes et des otages, enlever des enfants, vendre des femmes et convertir de force, ça n'offense pas le prophète ? Ça n'atteint pas ta foi ? C'est pourtant une sacrée caricature de religion, non ? Mais ce sont les dessins de Charlie qui concentrent ta colère.

On ne peut pas représenter Mahomet, on ne peut pas représenter Mahomet, on ne peut pas représenter Mahomet ! Ce que tu m'irrites à répéter ça. Je vais t'expliquer quelque chose : je suis d'accord avec toi. Ça fait bien chier quand quelqu'un rit d'un truc que tu aimes par dessus tout. Tu t'imagines habiter tranquillement dans le royaume de dieu et tu te rends compte qu'il est peuplé de cartésiens qui caricaturent l'idole. Je sais, c'est désagréable. C'est décevant que tous n'aient pas ta foi et ta ferveur. Ça peut même énerver.

Mais… J'ai juste une question : comment tu sais à quoi il ressemble Mahomet ? Comment reconnais-tu que c'est une caricature de lui s'il n'a pas d'image ? Vas-y, explique-moi, j'attends.
Et tous les médias se lancent dans des débats sur les limites du rire. Comme si la question méritait d'être posée. Pas un ne t'explique que c'est justement dans la capacité à se moquer d'un dieu (qui n'existe pas) qu'on mesure la liberté dont jouit un peuple. On parle beaucoup de la Loi de 1905 en tant que pilier de notre laïcité, c'est oublier un peu vite que l'impact des Lumières n'a pas été que la Révolution de 1789 et le passage par dessus bord de la royauté mais aussi ce moment où nous avons jeté le curé par la fenêtre.

[Ce qui se résume à «Ni dieu, ni maître» mais ce n'est pas là notre sujet.]

C'est parce que nous osons rire des puissants, de ce monde terrestre ou bien d'ailleurs, que nous échappons à la fascination qu'ils pourraient exercer sur nous. Notre faculté de rire d'eux, nous offre de nous évader de leur influence et de leur catastrophisme. La liberté de caricaturer, de blasphémer, est celle qui enclenche toutes les autres.